novembre 21, 2024

Désastreuse mise en place des nouveaux outils de gestion des missions au CNRS !

Ou le nième exemple de la façon dont la bureaucratie voulue par la direction du CNRS torpille la recherche et notre travail.

Les organisations syndicales avaient une réunion avec le PDG du CNRS le 18 septembre après-midi. Le CGT a porté la voix des personnels du CNRS sur les inquiétudes et les grandes difficultés rencontrées suite à la mise en place désastreuse du nouveau système « ESR Mission » (Etamines, Notilus, Goelett). 

A cette occasion, nos camarades du SNTRS-CGT ont interpellé la direction du CNRS en ces termes :

« Depuis le 10 juillet, partir en mission au CNRS est devenu un véritable cauchemar. Le personnel du CNRS est « empêché » de partir en mission : réserver des billets et des nuitées est, pour certains, impossible. Les collègues sont ainsi obligés d’annuler leur participation à des colloques, à des collaborations, etc. En un mot, une partie importante du travail de recherche est devenue impossible à réaliser. Les collègues gestionnaires, des laboratoires aux services des délégations, sont harcelés, maltraités, étant en première ligne pour récolter les mécontentements des missionnaires. Ils sont submergés par le travail.
Nous imaginons bien que vous avez eu des échos de ce qu’il se passe, notamment via l’alerte des délégués régionaux au DGDR, mais nous doutons que vous ayez connaissance de l’ampleur des dégâts.
L’été est passé et les difficultés demeurent. Avec la rentrée, les demandes de missions explosent. En particulier, les concours externes des ingénieurs et techniciens ont commencé : comment les jurys vont-ils pouvoir se réunir et auditionner les candidats ?

Les logiciels Etamine et surtout Notilus sont truffés de bugs ; quant à Goelett, les propositions de réservation de transport et de nuitées sont en inadéquation totale avec la réalité des prix des marchés. Les possibilités offertes dans la vraie vie en terme de choix de trains et de correspondances, en particulier à l’international, n’a strictement rien à voir avec les propositions faites au niveau du portail du CNRS. L’analyse des besoins a méconnu totalement la complexité des missions faites par les agents du CNRS ! Par contre, elle complexifie à loisir chaque étape de la procédure, ajoute des validations qui n’existaient pas, impose d’estimer en amont le coût de la mission et permet de graves manquements en matière de RGPD. Tout agent du CNRS a accès en clair à toutes les adresses correspondant à la résidence principale des collègues ayant renseigné leur profil : un menu déroulant est à la disposition de tous pour pouvoir sélectionner l’adresse d’un autre dans son profil !

Contrairement à ce qui se pratiquait pour tout déploiement de nouveau logiciel au CNRS, Etamine, Notilus et Goelett n’ont pas été testés en amont par une ou deux délégations. Ils semblent d’ailleurs ne pas avoir été testés du tout !
Les tests sont donc faits grandeur nature avec l’ensemble des missionnaires potentiels au CNRS.
Les serveurs qui hébergent ces plateformes sont sous-dimensionnés ; Etamine et Notilus sont très souvent écroulés sous les requêtes.
La direction du CNRS a pris un risque énorme en ordonnant la mise en service de ces logiciels, avec entre autres conséquences, la fermeture de l’accès aux services précédents qui permettaient le remboursement des missions prises sous l’ancien système.
Outre les conditions de travail inacceptables, il faut bien avoir conscience que l’image du CNRS en prend un sacré coup : les laboratoires se rabattent sur les logiciels des établissements partenaires pour gérer les missions !

  • Qu’est-ce qui est mis en œuvre pour essayer de sortir de cette situation ?
  • Avez-vous la moindre idée du chemin à parcourir avant d’avoir des outils opérationnels ?
  • Peut-on temporairement revenir aux anciens outils pour permettre de travailler correctement ?
  • Quelles mesures allez-vous prendre pour garantir un fonctionnement réglementaire des concours externes, ainsi que de la session d’automne du Comité national ?
  • Que comptez-vous faire pour expliquer au personnel la situation et son évolution ? »

Voici ce qu’il ressort des échanges avec la Direction du CNRS lors de cette réunion :

Le Direction estime que les bugs racines ont été corrigés et que, d’ici quelques semaines, ça devrait aller beaucoup mieux. Elle ajoute même qu’il s’agit d’un système formidable, et que tous les agents s’en apercevront bientôt. Elle a rappelé que l’objectif final de ce nouveau système est de simplifier la vie des agents (sic !).
La Direction a reconnu une désorganisation entre les différents acteurs du CNRS concernés par les outils, une formation défaillante des personnels, la lenteur et les déconnexions intempestives du système. Revenir en arrière est impossible : le système antérieur a été profondément modifié pour permettre la mise en place du nouveau système.
Elle a aussi reconnu l’ampleur des difficultés générées par la mise en place de ces logiciels. Au sujet de l’ajout de valideurs, la Direction reconnaît que certains circuits de validation sont inappropriés. Elle a laissé entendre que le sujet était ouvert.
Malgré l’ampleur des dysfonctionnements, le CNRS maintient que des tests suffisants ont été effectués avant la mise en production et précise que les prestataires extérieurs ont refusé un déploiement progressif sur un sous-ensemble de délégations régionales.
De plus, les laboratoires ont aussi découvert que chaque mission leur coûte 3 euros (frais de gestion). Pour nous, c’est  inacceptable, et comme si cela n’était pas suffisant, si la mission est décomposée en x segments, les frais se montent à x fois 3 euros. Le CNRS a contesté ce dernier point auprès du prestataire.

La Direction s’est aussi engagée à corriger les problèmes relevés concernant la protection des données personnelles (RGPD).

Conclusion

Malgré les alertes de la DSI en amont de la mise en production, la Direction a pris la responsabilité de déployer ce nouveau système en juillet : le résultat est un fiasco ! 
Toute la communauté scientifique (CoNRS, direction de laboratoires, personnels de la recherche, etc.) et administrative du CNRS a fait remonter les problèmes et la quasi-impossibilité de partir normalement et légalement en mission. La direction du CNRS nous affirme qu’on va voir le bout du tunnel dans quelques semaines : nous serons attentifs au respect des engagements et à la régularisation de la situation.