Prise de parole de Gilles FOURNEL
Manifestation Régionale du Vendredi 18 Mars 2022
« L’extrême droite est un poison, l’antidote : le progrès social ! »
Chers Camarades, chers Amis,
Cette initiative se tient à l’appel de l’ensemble des Unions Départementales CGT de la région et de leur Comité Régional.
Je ne peux commencer cette prise de parole sans faire référence à la guerre en Ukraine qui résulte d’une crise du capitalisme mondialisé et de l’émergence des idées d’extrême droite, nationalistes, impérialistes par le monde. La guerre doit cesser, la Russie stopper ses attaques et son invasion, comme l’ont réclamé les résolutions des Nations Unies et les mouvements pour la paix. Tout doit être entrepris pour que la raison l’emporte.
Dans ce cadre, il convient d’accueillir tous les réfugiés qui fuient toutes les guerres quelques soient leur origine, leur couleur, leur religion, et bien évidemment toutes ces femmes, ces enfants et ces hommes venant d’Ukraine. Les accueillir dignement, sans idées derrière la tête comme les transformer à tout prix en future main d‘œuvre bon marché. Il ne peut pas y avoir de bons et de mauvais réfugiés et on le sait ici plus qu’ailleurs, c’est nécessaire de le rappeler.
Les chars russes doivent sortir d’Ukraine et les voies de la diplomatie doivent s’ouvrir.
Non pas à partir des fantasques projets de grands empires et de nouveaux blocs économiques qui se fabriquent des guerres économiques, puis des guerres meurtrières, mais à partir de l’intérêt et de la souveraineté des peuples et du respect de tous les engagements pris : ceux du Parlement ukrainien de rester un pays n’adhérant ni à un camp, ni à un autre ; ceux des Russes qui ont signé un traité reconnaissant l’Ukraine comme un État souverain et enfin, l’engagement de ne pas élargir l’OTAN aux frontières de la Russie.
C’est le seul chemin de la paix.
Il y des moments dans l’histoire de ce pays où le syndicalisme, la CGT, doivent prendre leur responsabilité, nous sommes dans ces instants à la fois dangereux, inquiétants et qui sans réaction, peuvent s’avérer dramatiques pour les populations, les citoyens, les travailleurs et tragiques pour le plus démunis d’entre eux.
Oui c’est de notre responsabilité de juger que la montée des idées d’extrême droite est un poison pour toute la société.
Oui il est de notre responsabilité d’alerter sur les dangers que cela peut engendrer pour le monde du travail.
Oui c’est de notre responsabilité de penser que le syndicalisme doit se mêler du cadre politique dans lequel il va évoluer ces prochains mois.
Oui c’est de notre responsabilité d’engager un combat sans faille contre des conceptions de divisons, de haine de l’autre, de celui qui est différent de par ses origines, sa situation sociale ou sa religion.
Et oui, il est de notre responsabilité de ne plus laisser certains tenter odieusement de détourner les travailleurs des vrais sujets qui les préoccupent
Et c’est de notre responsabilité de proposer des solutions pour y remédier répondant à leur besoin car seulement se faire peur n’évite pas du danger.
Alors, OUI, la vigilance et la mobilisation s’impose !
Nul ne peut oublier ce que fut et ce qu’est l’extrême droite.
Partout où ses idées progressent, le combat ethnique et identitaire se substitue à la lutte pour l’émancipation sociale.
Partout où l’extrême droite arrive au pouvoir prospère une caste de millionnaires démagogues, les syndicats et les forces sociales sont pourchassées, leurs journaux censurés et leurs militants traqués, leurs locaux menacés.
Partout, les minorités sont persécutées et contraintes au silence, si ce n’est à l’exil et les droits des femmes bafoués.
Les idées d’extrême droite sont en cela que l’expression de l’obscurantisme qui secoue le monde entier, des anti-Lumières forcenés, jumeaux contrariés du fondamentalisme qu’ils prétendent détester.
Ses soubassements portent le retour aux sources marécageuses de la pensée réactionnaire, xénophobe et antisociale, dans un contexte mondial tourmenté avec la montée des replis, des protectionnismes, des bruits de guerre économique, monétaire, militaire, et la construction de murs hideux qui se dressent contre la générosité et la fraternité.
Ses plus fidèles représentants mettent en avant un soi-disant roman national, qui n’est autre qu’un récit tragique détaché de toute forme de rigueur scientifique.
Ils portent le revers de la mondialisation capitaliste des dernières décennies avec son cortège de chasse à l’autre, à celui qui est différent, ou que l’on a spolié voire demain qu’on veut exploiter et lui interdire des papiers.
Qui peut croire à la possibilité de faire progresser les combats internationalistes et à agir pour la paix avec une France représentée par l’extrême droite au Conseil de sécurité des Nations Unies ?
L’extrême droite ne peut régler les contradictions des sociétés que par la violence meurtrière, la violence des rapports sociaux et familiaux, la violence entre les États et les êtres humains.
Avec elle, fini la liberté d’expression, la liberté d’association ou de création comme on peut déjà le voir dans les municipalités dirigées par l’extrême droite.
En France, après avoir soigneusement rebâtit ses fondations depuis quarante ans, elle s’attèle avec une complicité médiatique scandaleuse à construire le dernier étage de la fusée. Elle le fait sous le regard complaisant des puissances financières et de leurs actuels complices politiques qui croient ainsi pouvoir conserver les manettes, en provocant stupeur et sidération grâce à une rhétorique ouvertement haineuse, raciste, homophobe, sexiste, islamophobe, de nature fascisante.
Au-delà du caractère illégal de ces discours, l’extrême droite promeut l’équivalence aussi ridicule qu’odieuse entre nazisme, progressisme, néolibéralisme, islam, entre autres délires qui font basculer le propos dans l’irrationnel.
On n’oubliera pas les belles âmes qui se réclament des idées progressistes qui osent les néologismes absurdes « fascislamisme » ou « islamo-gauchisme », adoptant d’un seul coup le jargon d’extrême droite.
La brutalité de ce bavardage puise ses racines dans les traditions antihumanistes qui récusent toute forme d’universalisme.
Les apprentis-sorciers libéraux et les politiciens qui, par calcul, laissent faire ou encouragent portent une très lourde responsabilité, devront rendre des comptes.
Espérant, par tous les moyens, épargner le capital d’une critique radicale.
Car les politiques mises en œuvre depuis des années par les sociaux-libéraux et les libéraux pour servir le capital ouvrent un boulevard à ces idées.
Alors, à ceux parmi les ouvriers, employés, privés d’emploi, précaires et tous les sacrifiés du capitalisme mondialisé qui pourraient penser un instant trouver, au travers de l’extrême droite, une force pour les sauver, au moment où la cherté de la vie dépasse l’entendement, où l’explosion des dépenses contraintes poussent au désespoir de nombreuses familles jusqu’à se priver de manger, se chauffer, se soigner, se déplacer.
Il est utile de rappeler quelques décisions prises par des gouvernements nationaux déjà en place dans certains pays.
L’extrême droite,, c’est l’extrême compétition entre les travailleurs, entre les nations, la guerre économique décuplée dans le cadre d’un national-capitalisme autoritaire.
Entre autres l’allongement du départ à la retraite, du temps de travail, comme l’instauration dans certains états des 67 heures maximales par semaine, la privatisation de services publics, la remise en cause de l’IVG et de l’égalité de traitement des prestations sociales selon sa situation personnelle, ses origines et sa capacité à montrer sa volonté de se plier à des exigences patronales.
C’est bien elle aussi en France qui avait demandé l’interdiction des manifestations durant le mouvement contre la loi travail et la réforme des retraites, dans certains programmes électoraux. Elle prône même la nécessité d’une « grande réforme des syndicats » pour les lier à l’État ce qui renvoie au régime de Vichy.
Les droits de grève, de manifestation, de réunion, dont il faudra sans nul doute user face aux attaques conjuguées du patronat et du gouvernement dans un futur proche, s’en trouveraient gravement menacés.
Chercher des alibis ou de faux coupables pour justifier la crise sociale actuelle est une imposture et ne doit plus tromper les travailleurs.
La réalité c’est que les 500 plus grosses fortunes disposent d’un patrimoine de 730 milliards d’euros quand 10 millions de personnes s’enracinent dans la pauvreté, ou que l’indice du CAC 40 s’est envolé de 27%, meilleure performance enregistrée depuis vingt ans, ou encore que le patronat continue de dégrader les relations sociales après avoir perçu des aides incommensurables en période de Covid. 450 milliards !
Il faut résolument relancer la production, une autre appropriation et surtout une autre répartition des richesses dans ce pays et l’extrême droite ne le veut pas.
L’extrême droite ne désire pas augmenter les salaires sans réduire les cotisations sociales et les droits à la sécurité sociale.
L’extrême droite ne renoncera pas à la réforme des retraites ou n’abrogera pas les ordonnances Macron.
L’extrême droite ne propose pas de développer les services publics sur l’ensemble du territoire.
L’extrême droite ne conditionnera pas les aides publiques aux entreprises pour développer les emplois et les secteurs productifs, des augmentations de salaires.
L’extrême droite ne remet pas en cause les décisions contre les plus démunis, comme la mise en place de la réforme de l’assurance chômage et la baisse des APL, qui conduisent des millions de travailleurs à sombrer dans l’extrême précarité et la pauvreté.
On ne peut pas laisser la jeunesse, les travailleurs, actifs, retraités, les privés d’emploi se laisser duper par un discours rempli d’impostures.
Notre tâche est de nous mettre à la disposition du monde du travail, des citoyens pour bâtir un nouveau projet progressiste dans l’unité des peuples adapté aux conditions de notre temps où les mouvements sociaux et le syndicalisme ont un rôle déterminant à jouer.
L’urgence dans la période est bien d’augmenter les salaires, les retraites et les minimas sociaux, réduire le temps de travail, améliorer les conditions de travail et de trouver un emploi décent pour tous.
Comme il indispensable de reconquérir le déploiement de services publics de proximité en apportant des moyens nécessaires pour répondre aux besoins de la population et des territoires, et dégager des investissements majeurs dans les secteurs industriels et productifs.
L’heure est à la lutte et au travail pour aider à sortir nos concitoyens, les travailleurs de la gangue, dans laquelle on tente par un incroyable matraquage de les enfermer.
Les penseurs et les forces progressistes, les syndicats ont un énorme rôle à jouer pour éviter le pire, alors qu’un dispositif politique conçu en haut lieu est mis en place pour sauver le capitalisme et empêcher toute alternative de transformation sociale, démocratique et écologique.
Alors mobilisons-nous partout, menons la bataille des idées, favorisons le rapport de force, construisons des mouvements sociaux d’ampleur, car l’extrême droite est un poison pour le monde du travail et le seul antidote c’est le progrès social.
Vive la CGT PACA ! Vive les luttes ! Vive la Paix ! Vive le progrès social !